CHAPITRE 1 : La valorisation industrielle, la mort de la lutte contre les Algues Vertes?
Depuis que les marées vertes sont devenues massives et régulières dans les baies bretonnes, les opinions divergent sur leur gestion. L’introduction d’une filière d’exploitation des algues vertes par des entreprises privées est loin de calmer les esprits. Le projet ULVANS “ULves VAlorisation Nutrition Santé” de valorisation des algues vertes en Bretagne a vu le jour en 2011 à l'initiative d'Hervé Balusson, Président Directeur Général d'Olmix Group.
Olmix, devenu Olmix Group en 2015 est une entreprise créée par Hervé Balusson en 1995 dont le siège se situe à Bréhan (Morbihan). Le groupe dispose de 20 ans d'expérience dans le domaine des algues vertes et il est spécialiste des solutions naturelles pour la nutrition et la santé animale et végétale
En 2014, l'entreprise était en possession de 13 brevets dont le fameux brevet Amadéite (2004) qui consiste en un biomatériau innovant issu de l'intercalage de molécules choisies d'algues dans l'espace entre les feuillets de montmorillonite (une argile qui possède une structure à imperfections et des propriétés de gonflement et d'absorption très recherchées dans l'industrie)
Hervé Balusson
PDG d'Olmix Group
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Les activités d'Olmix Group et de ses partenaires industriels soulèvent de nombreuses questions dans les baies bretonnes : comment demander aux agriculteurs de faire des efforts afin de limiter leurs pollutions si une entreprise s'empare des algues vertes à des fins commerciales ? Le message transmis par l'existence même de ce type de filière est démotivant.
«Incohérent : il n'échappe à personne que cette exploitation industrielle va inévitablement rendre caduque la lutte contre la prolifération des algues vertes.»
Association "Eaux et Rivières de Bretagne", journal Ouest France des 29 et 30 mai 2015.
« Nous ne voulons pas faire d'une pollution une richesse. Nous voulons éradiquer les algues à la source »
Jean-Claude Lamandé,
Elu à Plestin-les-Grèves,
Vice-Président de Lannion-Trégor Communauté (22),
en charge de ce dossier pour la communauté d’agglomérations
Les industriels qui utilisent des algues vertes n'ont pas vocation à lutter contre ces dernières, elles savent seulement profiter d'une opportunité. Cependant, le groupe Olmix et ses partenaires n'ont pas toujours été suffisamment clairs sur la distinction à faire entre la lutte contre les algues et leurs activités.
Cela a eu pour conséquence une certaine confusion, voire de la méfiance chez les acteurs locaux qui refusent que les industriels se présentent comme la solution au problème des algues vertes...
« Une vigilance sur la communication doit aussi être observée. [...] Le message est parfois de dire qu'on va régler le problème des algues or une partie infime du problème des algues présentes sera réglée par ce ramassage avec les moyens dont dispose l'entreprise aujourd'hui. Il faut être clairs sur les objectifs et la réalité du ramassage. Ne pas faire croire aux gens qu'on va régler le problème comme ça ».
Gwénaëlle BRIANT,
Coordinatrice plan de lutte contre les algues vertes,
Lannion-Trégor Communauté (22)
Une communication en eaux troubles
Vers la culture des algues vertes ?
Les activités de la filière industrielle ne reposent pas uniquement sur les marées vertes. Si celles-ci venaient à disparaître, Olmix pourrait encore choisir de substituer d'autres algues aux algues vertes ou de cultiver les algues vertes sous serre.
« En tant que technicien ça ne me gêne pas, mais les élus sont plus réticents à la création d'une filière parce que l'algue verte est supposée disparaître. Ce à quoi Olmix a trouvé la solution de culture sous serre. »
François DAVID,
Service en charge du ramassage sanitaire,
Saint-Brieuc Agglomération (22)
Comme nous l'a expliqué le Docteur Pi NYVALL-COLLEN, responsable R&D pour Olmix Group lors de notre visite au siège de l'entreprise à Bréhan (56) en octobre 2015, ce mode de culture est déjà à l'étude afin d'avoir une matière première plus homogène, sans problème de variabilité saisonnière et dont la qualité serait mieux maîtrisée que dans le cas des algues ramassées dans le rideau.
La filière industrielle développée autour des algues vertes s'annonce prometteuse : Olmix Group a réalisé un chiffre d'affaire de 66 millions d'euros en 2014 et prévoyait 80 millions d'euros en 2015.
« On emprunte le schéma Coca-Cola : on garde le concentré en Bretagne et on dilue ailleurs. Il faut garder notre avance technologique. » déclare Hervé Balusson au journal Challenges du 16 septembre 2015.
« Dans le même temps, cette nouvelle filière, résumée dans la formule « De la mer et de la Terre à l'assiette », permettra de redynamiser l'économie bretonne et plusieurs de ses outils industriels mis à mal par les crises avicole et porcine » confie encore ce dernier au journaliste Jacques LE CORRE pour le journal « Nouvel Ouest » du 15 septembre 2015.
Et pour confirmer son ancrage sur le sol breton, Olmix a inauguré la Breizh Algae School à Saint-Etienne-du-Gué-de-l'Isle (22) le 15 Septembre 2015. Ce centre de formation inédit est dédié à la formation aux techniques de production sans antibiotiques. « Des élèves vont venir du monde entier et on peut espérer des retombées pour la commune : hébergement, restauration... » se réjouit Pierre PICHARD, Maire de Saint-Etienne-du-Gué-de-l'Isle (22).
Hervé Balusson : le modèle Coca-Cola en Bretagne et l'éducation en ligne de mire
ALGUES VERTES:
Du déchet à la matière première
INTRO
INTRO
Extrait de la vidéo de présentation du projet ULVANS disponible sur YouTube.
« Le ramassage dans le filet d'eau permet de de réaliser des récoltes conséquentes et surtout de limiter certains échouages massifs ».
Vidéo complète : https://www.youtube.com/
Crédits & Remerciements
Exemple de culture d'algues en bassin
au Centre d'Etude et de Valorisation des Algues (CEVA)
Crédits & Remerciements
Olmix Group
Disparition des algues vertes : des emplois bretons en péril?
Inauguration par Hervé Balusson de la Breizh Algae School en Septembre 2009
Plus d’infos sur: www.breizhalgae.fr
« Comment fait-on en terme de communication pour ne pas transmettre le message que le déchet devient une ressource et pour ne pas décourager les acteurs du territoire ? Comment les agriculteurs ne vont-ils pas se sentir moins engagés ? »
Nicolas LONCLE
Chargé de mission
Natura 2000,
Guisseny (29)
Les algues vertes étant une denrée que l'on cherche à voir disparaître, quels intérêts aurait une entreprise à développer une filière qui les utilise ? Qu'adviendra-t-il des emplois créés si les algues disparaissaient ? N'aura-t-on pas finalement intérêt à ce que les algues vertes continuent de se développer dans les baies bretonnes ?
« Les associations perçoivent que si on met en place en plus une filière sur la valorisation des algues, il y aura par la suite des conflits d’intérêt pour garder les Algues Vertes car il y aura des emplois... »
Sylvain BALLU,
Chercheur au CEVA (Centre d’Étude et de Valorisation des Algues),
Pleubian (22)
Rappelons que même si les dommages sont difficiles à chiffrer, la présence des algues vertes coûte aux bretons : diminution du tourisme, perte de la valeur immobilière, coût du ramassage des algues et de manière plus anecdotique, achat d'eau en bouteille constituent autant de pertes et de dépenses pour la population.
Les algues vertes : fléau ou aubaine?
Algue Verte / Marée Verte
Algue verte ou « laitue de mer » : algue de la famille des ulves (Ulva Lactuca) naturellement présente dans les eaux de la Manche et de l’Atlantique.
Les échouages massifs d'algues vertes ou "marées vertes" sont dues à l'eutrophisation de la mer, conséquence de l'augmentation des quantités de nitrates et de phosphates dans l'eau.
