Réactions de François Gallissot,
Coordonnateur de la filière algues,
Agrival
Réactions de François Gallissot,
Coordonnateur de la filière algues,
Agrival
Crédits & Remerciements
Crédits & Remerciements
CHAPITRE 3 : Le partage de la plage, sujet d'enlisement?
Les plages font partie du Domaine Public Maritime, l’accès d’engins motorisés y est réglementé par arrêté préfectoral. De plus, leurs utilisateurs sont déjà nombreux : ramassage sanitaire, conchyliculture, activités de loisirs, plaisanciers…filière des algues vertes? Attention aux conflits d’usage !
« Le ramassage dans le rideau d'eau ne nous arrange, ni nous dérange. La seule chose dérangeante serait qu'ils mettent leurs machines en même temps que les nôtres. Or on a besoin d'être là toute la saison pour voir s’il y a des algues ou non, on ne peut pas établir de planning de ramassage à l'avance. »
François DAVID et Yves CARPIER,
Service en charge du ramassage sanitaire, Saint-Brieuc Agglomération (22)
« Si par le passé, le droit français se référait au droit romain en Méditerranée, la définition actuelle du rivage, quelle que soit la façade maritime, remonte à l’ordonnance de la marine de Colbert (article 1er du titre VII du livre IV de l’ordonnance d’août 1681) : « sera réputé bord et rivage de mer tout ce qu’elle couvre et découvre pendant les nouvelles et pleines lunes, et jusqu’où le grand flot de mars se peut étendre sur les grèves.(...)
Plus d’infos sur :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Domaine-public-maritime-naturel-.html
En général, la circulation des engins de ramassage sur les plages s'effectue dans des couloirs précis, qui doivent impérativement rester disponibles pour une intervention des équipes du ramassage sanitaire. Comme nous l'expliquent les employés de Saint-Brieuc Agglomération rencontrés au Centre Technique de l'Eau : « En terme de logistique, pour les plages où il n'y a qu'un seul chemin d'accès, il faut qu'il y ait priorité au ramassage sanitaire, par rapport à celui sur le rideau. Pour éviter des interférences. » François DAVID et Yves CARPIER, Service en charge du ramassage sanitaire, Saint-Brieuc Agglomération (22).
La planification du ramassage sanitaire : « mission impossible »
Le caractère peu prévisible des marées vertes ne permet pas l'établissement d'un planning prévisionnel infaillible quant à l’utilisation de ces couloirs, d’où l’impératif de priorité au ramassage sanitaire en toutes circonstances. Pour le moment, il n'existe en pratique aucune règle permettant de s'en assurer, une question de droit qui fait déjà débat dans les collectivités en charge du ramassage sanitaire.
Priorité au ramassage sanitaire !
Domaine Public Maritime
Cas de l’Anse de Guissény : la solution maligne
Il est possible de limiter les conflits d’usage entre les deux types de ramassage lorsqu’ils sont gérés par une seule entreprise. A Guissény, c'est la société Agrival qui organise à la fois le ramassage sanitaire sur la plage et le ramassage des algues fraîches dans le rideau.
Cas de la Baie de Saint-Brieuc : business des algues vertes et des moules de Bretagne en harmonie ?
Si le ramassage en eau est autorisé à plus grande échelle, il conviendra également d’éviter de gêner les activités conchylicoles présentes. Un partage optimal des chemins d’accès devra donc être assuré. La machine de ramassage en eau étant jusqu'alors peu sortie dans les baies, cet aspect n'a pas encore pu être évalué. Affaire à suivre…
« L'Arrêté Préfectoral a fixé un accès différent à la baie, plus loin et pas dans notre secteur. Ils passent par une autre cale, plus à l'est de la baie, un accès réservé aux cultivateurs mytilicoles. Apparemment, il n'y a pas de conflit. Cependant, ils ne sont intervenus que deux fois cette année » François DAVID et Yves CARPIER, Service en charge du ramassage sanitaire, Saint-Brieuc Agglomération (22).
« C'est la même entreprise qui gère ramassage au sol et en mer donc il n’y a pas de concurrence. Après ils s'accordent sur un temps de roulage qui est facturé. Globalement, il n’y a pas de conflit d'usage par rapport aux usagers locaux. »
Nicolas LONCLE,
Chargé de mission
Natura 2000,
Guissény (29)
Cas de la Lieue de Grève : quid de la sécurité des usagers ?
Un autre point inquiète les collectivités locales : il faut veiller à ne pas perturber les activités de loisirs et sportives. Or, les algues vertes prolifèrent généralement de Mars à Novembre, et particulièrement sur la période estivale, avec un « pic » constaté depuis plusieurs années lors de la première quinzaine de Juillet. En pleine période touristique, il serait risqué de faire rouler les machines de ramassage lorsque des personnes peuvent se trouver à proximité.
« On a vu des entreprises ramasser sans faire attention à ce qu'il y avait autour d'eux. »
Gwénaëlle BRIANT,
Coordinatrice du plan de lutte contre les algues vertes,
Lannion-Trégor Communauté (22)
Au-delà de l’aspect sécuritaire, le ramassage en eau provoque une gêne visuelle et auditive avec lesquelle plaisanciers et professions touristiques auront du mal à composer. Durant cette période au moins, le ramassage doit se faire aussi tôt que possible le matin et durant un intervalle de temps très restreint, ce qui nécessite là-aussi des efforts d'organisation.
« Il y a des activités nautiques et les plages sont très fréquentées. L'inquiétude des élus locaux exprimée au préfet est qu'on ne doit pas venir gêner les autres activités. »
Gwénaëlle BRIANT,
Coordinatrice du plan de lutte contre les algues vertes,
Lannion-Trégor Communauté (22)
Des conditions d'exploitation strictes
Jean-Claude LAMANDE, Vice-Président de Lannion-Trégor Communauté (LTC), rappelle que la position des élus locaux quant au ramassage en eau à visée industrielle est la même depuis le début du projet. Ils sont « déontologiquement contre. Nous, notre but n'est pas de faire du business mais de faire disparaître les algues en amont ».
Une position que les acteurs de la filière ont du mal à comprendre...
Les réactions de François Gallissot, Coordonnateur de la filière algues chez Agrival >>>
Cependant, si l’Etat accepte l’exploitation, LTC est bien décidée à imposer ses conditions :
« Qu'il n'y en ait pas les jours de petits coeff [ramassage dans le rideau d’eau] ; pas trop près de l'hôtel et des maisons ; que les cadences horaires soient précisées ; qu'il y ait un suivi des tonnages enlevés... On veut la maîtrise totale de la gestion du site. »[1]
[1] http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/algues-lannion-societe-olmix-bientot-autorisee-exploiter-22-29-05-2015-212135
« Jusqu’ici tout va bien »
A ce jour, les machines développées pour le ramassage en eau ont très peu circulé et chacune de leurs sorties a fait l'objet d'une autorisation ponctuelle. Les arrêtés préfectoraux autorisant le ramassage en eau ont servi à tester les machines et faire valider les études d'impact sur la faune et la flore présentes dans le rideau d'eau.
Mais si la dernière phase de test s'avère concluante et que les machines acquièrent le droit de sortir régulièrement, il faudra veiller à ce que les droits d'accès aux couloirs de circulation soient bien encadrés.
« Aujourd’hui ils (Olmix Group, ndlr) pourraient absorber beaucoup plus mais ils ont eu très peu de jours d’autorisation. C’est très réglementé. C’est la première année où ils ont pu aller dans la baie de Lannion car jusqu’à maintenant il y avait un véto de la communauté d’agglomération qui ne voulait pas que la collecte se fasse dans le rideau d’eau. »
Philippe POTIN,
Chercheur du CNRS,
Station biologique de Roscoff (29).
INTRO
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ALGUES VERTES:
Du déchet à la matière première